Armand Toupet, écrivain berrichon

Une jeunesse berruyère

Armand Toupet en 1927

Armand Toupet en 1927


Armand Toupet est né le 2 mai 1919 à Bourges, à 200 mètres de la Cathédrale. Il grandit « dans une cour baptisée par ses occupants Cour des miracles , sise au 27 de la rue Émile-Martin dénommée rue de Crosses, juste en face de la place du Commandant-Martin dite place du Grand Gouillat ».

Enfant, il fait ses études à l’École Primaire Supérieure. Il a dès son plus jeune âge la passion d’écrire. Sa grand-mère Fannie est une conteuse de talent et lors des veillées au coin du feu, elle transmet au petit Armand la passion des légendes berrichonnes où se mèlent humour et sortilèges. À l’âge de 14 ans, il tente son premier roman qui ne sera jamais achevé. Issu d’une famille modeste, il doit interrompre l’école à 17 ans, pour entrer comme auxiliaire dans les services du Trésor.


Cathédrale de Bourges

Cathédrale de Bourges (Source : "Kathedrale Bourges v2" by Wladyslaw Sojka - Wikimedia Commons)

La guerre

Armand Toupet à la fin des années 1930

Armand Toupet à la fin des années 1930

La seconde guerre mondiale survient pour lui faire vivre à 20 ans une aventure qui marque la vie d’un homme. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier fin juin 1940, cinq jours après l’armistice. Envoyé en Allemagne, il s’évade à plusieurs reprises mais est repris. En 1942, il est déporté au camp de représailles de Rawa-Ruska, en Ukraine polonaise avec les autres prisonniers de guerre français internés en Allemagne qui avaient tenté de s’évader ou refusaient de travailler. En effet, en mars 1942, les nazis ont décidé de déporter les irréductibles des camps de l’ouest vers le stalag 325, un nouveau camp situé dans le « Triangle de la mort ». Il a été surnommé par Winston Churchill le « camp de la soif et de la mort lente ». Il y restera pendant trois années.

Armand Toupet en uniforme

Armand Toupet en uniforme


Avec l’avancée des combattants soviétiques, il est rapatrié sur Berlin pour effectuer des travaux de déblaiement. Des conditions de vie là encore particulièrement difficiles, un froid glaçant (-20°C) et les bombardements alliés qui font rage. Il assiste à la reddition de la ville en avril 1945 et manque de finir noyé dans le métro de Berlin inondé par les nazis pour ralentir l’avancée des Russes vers son bunker. En 1945 après sa libération, Armand Toupet écrit un premier manuscrit rapide pour ne rien oublier. Il servira de socle quarante ans plus tard pour son livre Berlin 1945, ce fut l’enfer pour lequel il retrouve d’autres témoins de ces jours terribles. Il sera à plusieurs reprises choisi par la presse pour témoigner de la Bataille de Berlin.

Marouska, un premier livre inspiré par ses souvenirs de jeunesse

Décoré de la Médaille des Évadés de Guerre et de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, il revient en France le cœur meurtri mais l’esprit plein de souvenirs et de réflexions. Au lendemain de la guerre, Armand Toupet retrouve petit à petit son emploi dans les services du Trésor public. Mais la passion d’écrire et le poids des souvenirs l’entraînent à produire en 1956 son premier livre Marouska, qui lui vaut le Prix International Camille Engelmann et une lettre de félicitations du Général de Gaulle.

Armand Toupet dans les années 1950s

Armand Toupet dans les années 1950s


Couverture Marouska

Couverture de l’édition originale

La retraite arrivée, une vie d’écrivain

Armand Toupet en 2004

Grâce à différents concours, il devient Inspecteur Central du Trésor, et c’est avec ce grade qu’il prend sa retraite en 1979. À l’époque, il a déjà écrit huit livres aux sujets variés (Marouska, La Grande Culbute, La Chieuve, La Bouzoute, Combat pour les V1, Eros, La fille de Karl et L’étrange Docteur Boris). Ces premiers livres ont été publiés à compte d’auteur (Éditions Jacques Cœur). Mais avec la retraite, il a enfin le loisir d’écrire les nombreuses histoires qui trottent dans sa tête de conteur infatigable. Au fil des années, Armand Toupet est devenu un des écrivains berrichons les plus prolifiques, avec plus de cinquante romans formant une œuvre très diversifiée depuis le récit de guerre jusqu’au roman humoristique, en passant par des romans policiers et de nombreux livres pour la jeunesse.

Il se met à utiliser un ordinateur à plus de soixante-dix ans pour taper ses manuscrits grâce aux conseils de ses enfants et petits-enfants. Mais lorsque lui vient l’inspiration pour un nouveau roman, c’est toujours avec le stylo qu’il griffonne ses premières idées.


Quelques livres auront le privilège d’être récompensés par des prix littéraires : Marouska (Prix international Camille Engelmann) ; La Chieuve (Prix littéraire des vins de Sancerre) ; Le Baron de Saint-Fiacre, Croucougnousse et les Ploucs (Grand Prix de l’humour français) ; La Vengeance du Chat (Prix Ruralivres 2000 du Pas-de-Calais) ; Berlin, les Enfants et la Guerre (Prix du Roman Historique de la Vienne 1994). Enfin, le roman L’Enfant à l’étoile jaune a reçu le Prix du Roman Historique de la Vienne 1994, le Lauréat du livre de l’été de Metz 1995, le Grand Prix des jeunes lecteurs de la PEEP 1995 et il a été adopté en 2005 par les éditions Edélios pour ses études pédagogiques.

Le 9 novembre 2006, il s’éteint. Il est inhumé au cimetière d’Henrichemont. Ses petits-enfants gardent le souvenir d’un grand-père charismatique et bon vivant qui aimait la pêche à la ligne, chanter La Soupe et l’Boeuf et manger du crottin de Chavignol accompagné comme il se doit par un bon vin blanc du Sancerrois.

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